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L’IA crée une génération de rédacteurs illettrés, et c’est une catatrophe

Il y a quelques jours, ChatGPT m’a claqué entre les doigts.

Je lui faisais tordre un texte que j’avais rédigé pour une page de vente. Et il tournait en rond, encore et encore. Tout ce que je pouvais faire, c’était fixer les lignes qui défilaient sur l’écran, en espérant trouver la perle rare.

Je me suis dit qu’il était temps d’une pause, et je suis allée me faire couler un café. J’ai mis les grains moulus dans ma cafetière à l’italienne, un silence troublé dans ma tête. Où étaient passées les idées qui fourmillaient dans ma tête ?

Après des années à écrire pour le web, entre textes pour les entreprises et les romans abrégés, j’ai fait un constant effrayant. ChatGPT m’accompagne à chaque pas. J’ai perdu l’habitude de réfléchir par moi-même à mon ton, mes tournures de phrase, mon style. Depuis 2022, j’ai toujours un écran ouvert sur le traitement de texte, et une conversation ouverte sur ChatGPT.

Et c’est la réalité de nombreux rédacteurs web et copywriters.

Mon écriture s’est dégradée à cause de ChatGPT – Et la vôtre aussi

L’impact de l’IA n’est pas arrivée du jour au lendemain. Au contraire, elle a été subtile et insidieuse.

Je sais que mon écriture professionnelle n’a jamais été des plus déliées. J’ai souvent tendance à tomber dans les mêmes travers : trop didactique, trop d’inspirations issues du TOP 3 des résultats de recherche, etc. Mais la conséquence est en réalité plus insidieuse que ça. J’ai commencé à arrêter de lire complètement les articles des autres.

C’est vrai : pourquoi lire tout un article de blog quand un algorithme pouvait le faire à ma place. Pour faire des revues de presse, c’est excellent ! Je n’ai qu’à lui refourguer la cinquantaine d’articles qui sont tombés dans ma boîte mail et mes flux RSS. Ensuite, c’est l’outil qui va tout trier à ma place.

Et puis parlons de style et de vocabulaire. L’outil est capable d’enrichir mes textes en utilisant le champ sémantique que je lui donne. Une V1 en entrée et un prompt avec la liste des mots-clés issus de YourTextGuru, et le tour est joué ! On finit par se prêter au jeu de vouloir produire toujours plus, toujours plus vite. C’est là que des phrases standardisées par l’IA se mettent à remplacer les nôtres.

Je passe ma vie à retrouver les mêmes tournures de phrase partout. Et à me demander si ça vient d’un humain ou pas. À me méfier quand je rencontre les mots “parallèlement”, “essentiel” ou “crucial”.

L’IA réduit notre écriture à un générateur de phrases fades

Le moment où j’ai tilté ? C’est le moment où j’ai commencé à écrire une page de vente pour un SaaS spécialisé dans le management. Imaginez la combinaison parfaite entre les jargons creux du management et la fadeur létale de ChatGPT.

Où est passée la saveur du texte ? Où est passée la recherche ? Où sont passés les faits, les sources, l’angle d’un sujet ? Plus besoin de creuser, tout était déjà synthétisé.

Et pourtant, je dois faire partie de ces milliers de rédacteurs qui ne cherchent plus vraiment par eux-mêmes. Si l’IA ne me donne pas un texte correct en 5 minutes, je suis frustrée. J’ai perdu le goût de faire par moi-même…

Le pire, c’est que j’ai créé un GPT spécialisé dans la rédaction d’articles. Je le prompte régulièrement pour retirer ses imperfections. De ce fait, je participe aussi au problème d’érosion de nos compétences rédactionnelles.

La réalité inconfortable que peu de rédacteurs web osent admettre

Nous ne devenons pas de meilleurs rédacteurs avec l’IA. Nous devenons dépendants.

Chaque fois que nous laissons l’IA nous proposer une tournure de phrase ou structurer un texte, nous échangeons une qualité à long terme contre une productivité immédiate.

Si nous arrêtons d’apprendre, que vaudra notre écriture demain ? Combien de fois ais-je recraché du texte formaté par ChatGPT pour ne rien en retirer ? Ce qui m’a toujours plu avec l’écriture, c’est tout le travail de recherche, d’apprentissage, de vulgarisation et de transmission. Avec les outils d’IA, nos contenus deviennent fades et interchangeables. Nous perdons notre voix.

Sans voix et sans fonds réel à nos contenus, ce que nous transmettons n’aura plus aucune valeur.

Peut-on désintoxiquer son écriture après la tornade ChatGPT ?

Je ne préconise pas de bannir l’IA. Ce serait absurde. Moi-même, je l’utilise tous les jours. Mais dans notre recherche d’authenticité, il nous faut rééquilibrer.

Et si on se faisait des pauses ? Des journées sans IA où :

  • On lit des textes sans qu’ils n’aient été prémâchés ?
  • On recoupe les sources par soi-même ?
  • On réfléchit à sa propre approche d’une thématique ?
  • On peaufine son style sans suggestions externes ?

Oui, cela peut être frustrant. Je me sens plus lente, moins efficace que ce robot qui a l’audace de recracher des textes “‘qualitatifs” une fois bien prompté. Mais apprenons à enlever les petites roues que les outils d’IA ont gentiment installées sur notre créativité.

Parce que ChatGPT, si tu ne lui dis pas de creuser un sujet, il ne creusera pas. Chat GPT est un pro de l’écriture mirage. Il te fait un beau texte bien pensé. Pour le lecteur qui se contentera d’effleurer la surface de ces contenus, il a l’air intéressant. Mais en réalité il manque de fond. Il manque cette touche d’authenticité et d’expertise.

L’IA va-t-elle tuer la rédaction web ?

Je ne pense pas. Je pense que l’IA va continuer d’évoluer et de menacer toujours plus notre écriture. En 2025, c’est 30% des offres d’emploi liées à la création de contenu, à la rédaction de texte ou au copywriting qui ont disparu. Dans 10 ans, tout aura changé.

Aujourd’hui, un nouveau rédacteur commence son premier article. S’il se repose trop sur l’IA, il n’apprendra jamais à maîtriser son métier. Il deviendra un intermédiaire entre une machine et une plateforme de publication. Demain, nous serons tous des rédacteurs augmentés par l’IA. Mais il ne faut jamais oublier que pour juger de la qualité produite par la machine, il faut nous-même avoir les connaissances et les compétences.

Sommes-nous en train de créer une génération de rédacteurs qui savent demander à l’IA, mais qui ne savent plus écrire ? Ou une génération à l’esprit critique aiguisé, qui sait naviguer entre les contenus creux et les hallucinations ?

La vraie question n’est peut-être pas de savoir si l’IA remplacera les rédacteurs. C’est de savoir si nous sommes en train de nous remplacer nous-mêmes.

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